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Quelles options pour les céréales touchées par les excès d'eau ?

Avec les conditions actuelles toujours fraîches et humides, la priorité est bien au diagnostic et non à l’intervention.

Dans de nombreux secteurs, les céréales d’hiver souffrent de l’excès d’eau, malgré le stade « tallage » réputé pour être tolérant. Quelques conseils pour décider de la marche à suivre, entre retournement de la culture ou ajustement de l’itinéraire technique.

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Dans différents secteurs, les céréales d’hiver souffrent de l’excès d’eau, que ce soit en sol hydromorphe ou sur des parcelles drainées mais fragiles. Dans certains cas, le cumul de pluie depuis les semis peut contribuer à la situation, mais, bien souvent, il faut aller chercher l’explication plus loin dans le temps : on assiste à un excès d’eau depuis plus de 18 mois sur une grande majorité du territoire, et les structures de sol sont sûrement très dégradées.

Des structures de sol potentiellement dégradées

Après des implantations parfois compliquées l’automne dernier et/ou la prise en masse de sols durablement humides, il n'y a pas eu de véritable période de gel ou d’assèchement qui permette un assainissement et une restructuration naturelle.

Les conditions de récolte n’ont pas forcément été favorables, et les créneaux pour efficacement travailler les sols rares ou inexistants. Et les pluies parfois violentes de cet automne et début d’hiver ont contribué à refermer les sols avant que les cultures n’aient pu véritablement s’installer. Au bilan, on peut se retrouver au mieux avec des mouillères localisées, au pire avec des parcelles entières qui végètent ou dépérissent.

Dans ces conditions difficiles, se posent les questions du retournement, ou a minima de la meilleure conduite à suivre. Avec les conditions actuelles toujours fraîches et humides, la priorité est bien au diagnostic et non à l’intervention.

Retournement ou pas : l’heure est au diagnostic

En premier lieu, il faut caractériser le peuplement en répondant à deux questions :

En second lieu, il est important d’identifier le problème principal. Même s’il peut sembler évident que l’excès d’eau pénalise la culture, les actions ne seront pas les mêmes si cela est causé par le débordement d’une rivière ou un problème de structure de sol… qui est évidemment la situation la plus fréquente cette année ! En clair, il faut sortir la bêche pour voir si le sol est compacté, s’il y a des bouchons de paille, des hétérogénéités dans le profil avec des mottes sèches et très compactes à côté d’horizons boueux).

Ajuster la conduite des parcelles

Si la structure du sol est effectivement très dégradée, le potentiel de la parcelle sera abaissé quelle que soit la culture en place ou à venir. Si l’on décide de maintenir la culture en place, il faudra intégrer que le système racinaire ne fonctionnera pas de manière optimale et apporter régulièrement des quantités modérées d’éléments nutritifs pour compenser.

En général, l’idée première est de « gaver » la culture à l’azote « pour la faire repartir ». S’il est vrai qu’une culture en hypoxie est mécaniquement en carence azotée, il ne faut pas perdre de vue que l’efficience d’un apport dans de telles conditions est très faible ! Donc réaliser des apports massifs à tallage, c’est dépenser de l’azote avec un faible retour sur investissement. Mieux vaut donc fractionner les apports (30-40 unités pour commencer), et revenir sur la parcelle dès que la culture reprend un peu de vigueur.

A noter qu’il reste nécessaire d’évaluer le stock d’azote minéral du sol, en surveillant son positionnement dans le profil : ce qui sera présent dans les horizons 30-60 cm et 60-90 cm ne sera sans doute pas valorisé par la culture avant plusieurs semaines. De même, une analyse de sol permettra de vérifier l’équilibre NO3-/NH4+ : une forte présente de forme ammoniacale révèle une situation d’engorgement très sévère.

Toujours côté nutrition, il ne faut pas oublier la fertilisation soufrée pour compenser les pertes par lixiviation au cours de l’hiver.

Normalement, les parcelles ont le plus souvent été convenablement désherbées. Dans le cas où un rattrapage sera nécessaire et possible, il est important de désherber avant de fertiliser : les graminées adventices sont plus performantes à capter l’azote, et en profiteront davantage que les céréales.

En cas de retournement, soigner la reprise de sol

Si au contraire, la culture est retournée pour implanter une espèce de printemps ou d’été, il faut absolument donner la priorité à la reprise de sol : des cultures exposées aux fortes demandes climatiques de la fin de printemps et de début d’été seront fortement affectées si leur enracinement est défaillant.

Enfin, même si la problématique des sols est majeure cette année, il ne faut pas perdre de vue les difficultés chroniques de désherbage : si l’enherbement est important et désormais difficilement endiguable, mieux vaut avoir une action forte de destruction de la parcelle pour assainir la situation. Néanmoins, retourner la culture nécessite d'analyser différents aspects :

Quelle espèce de céréale à paille de substitution ?

Pour les situations où il est nécessaire de resemer une céréale afin de disposer de paille (cas des fermes de polyculture-élevage), le choix variétal se restreint désormais : il faut pouvoir s’orienter vers des variétés de printemps : en priorité donc vers de l’orge de printemps ou des variétés de blé tendre alternatives ou de printemps ou de triticale, également alternatif ou de printemps.

Le blé dur reste une option pour les secteurs plus céréaliers où la paille n’est pas nécessaire, mais où une espèce à cycle court est plus adaptée qu’une espèce d’été (maïs, tournesol, sorgho voire soja). Dans tous les cas, une analyse technico-économique peut être nécessaire compte tenu des différences de produits et de charges impliquées dans chacun des cas.

NB : Article publié initialement le 21 février 2025.

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